ActuInternational

« Plus jamais ça »… Retour dans les camps de la mort

By 10 novembre 2022 No Comments

Trois ans après ma dernière visite, je me suis rendu cette semaine dans le camps d’Auschwitz-Birkenau.

 

Trois ans plus tard, l’émotion est la même. L’incrédulité aussi. Comment croire que l’Homme est capable de telles atrocités ?

Ces visites répétées ne sont pas vaines. Elles sont nécessaires.

Nécessaires pour se rappeler, de notre histoire.

Nécessaires pour rappeler, encore et encore, que si l’être humain est capable du meilleur, il est également capable du pire.

Nécessaires pour montrer aux derniers survivants, mais aussi aux descendants des millions de victimes, que nous ne les oublions pas, et que nous ne les oublierons pas.

C’est pour eux que j’ai déposé une couronne de fleurs, au pied du mur des fusillés d’Auschwitz, au nom de la délégation belge. J’étais à cette occasion aux côtés de la baronne Regina Sluszny-Suchowolski, une enfant Juive  cachée chez des « justes » belges durant la guerre, pour échapper à la déportation.

Ces visites sont un moment suspendu, hors du temps. On est pris au plus profond de notre être par tout ce qui nous entoure. Tout ce qui nous rappelle ce qui s’y est passé il y a plus de 75 ans.

C’est la boule au ventre que nous redécouvrons les quelques biens qui ont appartenus aux suppliciés. Leurs chaussures, leurs lunettes. Et l’inimaginable : les cheveux que portaient toutes les personnes déportées à leur arrivée. Tout cela nous replonge cruellement dans cette horrible réalité.

Nous voyons les endroits où ils étaient entassés, tel du bétail. Les lieux où ils ont été exterminés puis incinérés. Aucun mot n’est assez fort pour décrire cela.

Dans cet enfer sur Terre, plus d’1,1 millions d’hommes, de femmes et d’enfants ont été exécutés. Parce qu’ils étaient Juifs, Roms, Tziganes, homosexuels ou handicapés. Au total, six millions de Juifs seront tués durant la Shoah.

Vingt-cinq milles d’entre eux ont été déportés de Belgique. Seuls cinq pour cent sont revenus.

Voir de ses yeux ces blocks, ces barbelés, ces voies de chemin de fer, ces wagons, vous prend aux tripes.

Comment l’homme peut-il en arriver là ? Cette question revient, encore et encore, comme une ritournelle.

En marchant dans ces allées, dans ce cimetière à ciel ouvert, je ne peux m’empêcher de penser au « Plus jamais ça ! », répété partout à travers le monde depuis trois quarts de siècle. Et pourtant. Et pourtant, il y a eu le génocide des Tutsis. Et pourtant, il y a eu le massacre de Srebrenica. Et pourtant, il y a eu le régime des Khmers rouges. Et pourtant, il y a eu le génocide des Yézidis. Et je pense aux Arméniens, aux Ouïghours, et à tant d’autres à travers le monde qui craignent pour leur existence, aujourd’hui encore.

« Plus jamais ça ! ». Bien sûr, c’est ce que nous souhaitons. Mais soyons lucides, l’histoire peut se répéter à tout moment.

Le monde est rempli d’extrémismes, sous différentes formes plus nauséabondes les unes que les autres. Parfois explicite, parfois sournois. Un jour ou l’autre, par faiblesse, par lâcheté ou simplement par manque de vigilance, nous pourrions tous devenir les nouveaux bourreaux ou les nouvelles victimes d’actes barbares.

Alors soyons vigilants. Souvenons-nous, et transmettons le message. Éduquons les nouvelles générations, éduquons l’ensemble de la société. Pour que chacun soit conscient de ce que l’intolérance peut amener. De ce à quoi la haine peut mener. Ne perdons jamais de vue les valeurs qui nous sont fondamentales, et agissons, partout où nous le pouvons, pour faire respecter ces valeurs. Pour qu’un jour, peut-être, nous puissions vivre dans un monde qui ne connaîtra « plus jamais ça »…

Le neuf décembre prochain, à la Chambre, une journée sera organisée à mon initiative autour de cette thématique. Durant la matinée, une cérémonie solennelle se tiendra, en présence d’un membre du gouvernement et des communautés qui furent victimes de cette barbarie. L’après-midi, un colloque se tiendra en présence d’experts, devant la jeunesse, pour justement passer ce message. Une nécessité.

Commenter