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« 𝐍𝐞 𝐩𝐚𝐬 𝐨𝐮𝐛𝐥𝐢𝐞𝐫 𝐬𝐨𝐧 𝐩𝐚𝐬𝐬𝐞́, 𝐩𝐨𝐮𝐫 𝐧𝐞 𝐩𝐚𝐬 𝐚𝐯𝐨𝐢𝐫 𝐚̀ 𝐥𝐞 𝐫𝐞𝐯𝐢𝐯𝐫𝐞 »

By 10 décembre 2023 No Comments
🕯️ Ce vendredi a lieu à la Chambre la journée de commémoration des victimes des génocides reconnus par l’État belge : celui des Arméniens, des Assyriens et des Grecs pontiques, l’Holodomor, la Shoah, les crimes du régime khmer rouge, le massacre de Srebrenica et le génocide des Tutsis.
🙏 J’ai créé cette journée pour que le flambeau de la mémoire de ce passé sombre continue à être transmis, de génération en génération.
⚠️ Afin que les horreurs dont l’Homme peut être capable ne soient pas oubliées, et que la conscience de la nécessité de lutter contre la haine et l’intolérance perdure.
🚨 La hausse des radicalismes et des extrémismes dans le monde d’aujourd’hui sont des signaux qui doivent nous alarmer. En gardant toujours à l’esprit que la barbarie débute toujours par des mots, avant d’insidieusement se transformer en actes.
👉 A l’avant-veille de la grande marche contre l’antisémitisme à Bruxelles, j’ai tenu à dénoncer la peur dans laquelle vivent certains membres de la communauté juive dans notre pays depuis l’attaque terroriste du Hamas le 7 octobre dernier.
❗ Il est de notre devoir de combattre les stéréotypes, les préjugés et les actes haineux qui visent la communauté juive. Comme toutes les communautés, d’ailleurs.
🤝 La diversité de nos croyances ne devrait pas être une source de division, mais plutôt une occasion d’enrichir nos vies mutuelles.
➡️ Voici l’intégralité du discours que j’ai tenu :
« Demain, nous serons le 9 décembre. Journée internationale de commémoration des victimes du crime de génocide.
Mais aussi, en Belgique, depuis trois ans, Journée nationale dédiée à la mémoire des génocides reconnus officiellement par l’État belge.
Lorsque j’ai souhaité et créé cette journée, par une résolution adoptée à l’unanimité, j’ai voulu que l’on n’oublie pas, jamais, la mémoire de ces millions de personnes innocentes à qui la vie a été volée au nom d’idéologies mortifères.
J’ai voulu que l’on n’oublie pas de quelle ignominie l’Homme peut être capable.
J’ai voulu que le flambeau de cette mémoire soit passé, année après année, aux nouvelles générations. Afin qu’elles aussi, que vous aussi, en fassiez un combat. Pour que, plus jamais, on ne puisse assister à de tels événements.
C’est, et ce doit être, un combat permanent.
C’est la raison pour laquelle nous sommes rassemblés ici aujourd’hui.
C’est aussi la raison pour laquelle la baronne Regina Sluszny est parmi nous. Petite fille juive, elle fut « enfant cachée », et donc témoin directe de la folie des Hommes.
Ne pas oublier notre passé pour ne pas avoir à le revivre.
Ne pas oublier les victimes du génocide des arméniens, des assyriens et des grecs pontiques. Ne pas oublier les victimes de l’Holodomor. Ne pas oublier les victimes de la Shoah. Ne pas oublier les victimes du régime khmer rouge. Ne pas oublier les victimes du massacre de Srebrenica. Ne pas oublier les victimes du génocide des Tutsis.
Tant de génocides commis contre des hommes, des femmes et des enfants pour la seule et unique raison qu’ils appartenaient à une certaine population, à un groupe.
Inimaginable, inacceptable, intolérable. Les mots manquent pour qualifier ces actes.
Mais il faut surtout être conscient que la haine et l’intolérance peuvent toujours mener au pire.
Pensons à ce qui se passe dans l’Est du Congo, à la situation dramatique des Ouïghours en Chine, à ce qui s’est passé en septembre dernier dans le Haut-Karabakh, ou encore à ce qui s’est passé le 7 octobre dernier en Israël.
Il y a près de mille ans, Averroès le disait très bien : « L’ignorance mène à la peur, la peur mène à la haine et la haine conduit à la violence. »
Cette ignorance, cette peur et cette haine sont, hélas c’est un fait, trop présentes dans nos sociétés. Et il faut à tout prix les combattre.
Les victoires successives des partis extrémistes, partout dans le monde, sont un signal alarmant qu’il faut absolument saisir.
Ils sont le symptôme d’une société malade, qui semble à bout de souffle.
Et pourtant, je peux vous le dire avec toute la conviction du monde, nous ne nous rendons pas compte de la chance que nous avons de vivre dans des pays démocratiques.
En tant que journaliste, j’ai couvert la guerre du Kosovo, celle de Bosnie, le génocide du Rwanda, je me suis rendu dans tant de zones de conflits.
J’y ai vu la peur, l’angoisse, la crainte quotidienne pour la survie.
La paix, la tolérance, le respect, le vivre ensemble, nos valeurs fondamentales ne peuvent pas être des slogans creux.
Ils doivent rester un combat de chaque jour, tant ils peuvent se montrer précaires.
Oui, nous pourrions demain tout perdre, si ces valeurs venaient à se déliter.
Personne ne peut dire que la prospérité que nous connaissons dans nos régions est acquise. Elle est en danger permanent, combattue par des personnes aux idées radicales.
Soyons en conscients, et luttons contre ces personnes et leurs idées.
L’une de ces idéologies extrémistes qui connait, à mon immense regret, un regain dans notre pays ces dernières semaines est l’antisémitisme.
Au-delà de la population juive, c’est toute la cohésion de notre société qu’il menace. Comme le racisme, et tant d’autres idéologies nauséabondes.
Aujourd’hui, dans notre pays, la communauté juive vit dans la peur. Parce qu’elle est juive. Et c’est insupportable.
Ils ont peur, comme ils ont eu peur dans les années 30 et 40.
Ils ont peur comme les Arméniens, les Assyriens et les Grecs pontiques ont peur dans les années 10, comme les Ukrainiens ont eu peur dans les années 30, comme les cambodgiens ont eu peur dans les années 70, comme les Bosniaques et les Tutsis ont eu peur dans les années 90.
Ils ont peur, chez nous, parce qu’ils craignent pour leur propre survie, pour la seule raison de leur appartenance à un certain groupe.
Cela est inacceptable.
L’antisémitisme, comme le racisme, n’a pas sa place dans notre monde. Il est une atteinte à la diversité qui fait la richesse de notre société.
Chaque individu, quel que soit son héritage culturel ou religieux, doit être traité avec équité, sans craindre d’être jugé en fonction de son identité.
Il est de notre devoir de combattre les stéréotypes, les préjugés et les actes haineux qui visent la communauté juive.
Ensemble, nous devons éduquer, sensibiliser et promouvoir la compréhension interculturelle. L’éducation joue un rôle crucial en ce sens, et je m’adresse plus spécifiquement aux enseignants qui nous écoutent.
Le dialogue interreligieux est également essentiel. En favorisant les échanges et en encourageant la compréhension entre les différentes confessions, nous renforcerons les liens qui nous unissent en tant qu’êtres humains.
La diversité de nos croyances ne devrait pas être une source de division, mais plutôt une occasion d’enrichir nos vies mutuelles.
La lutte contre l’antisémitisme est un appel à l’action pour chacun d’entre nous.
C’est un engagement envers les principes fondamentaux de la dignité humaine, de la tolérance et de l’égalité. En travaillant ensemble.
Ensemble, nous pouvons construire un monde où chacun est respecté, célébré et accepté pour ce qu’il est.
Dire « plus jamais ça » ne suffit pas. N’oubliez pas que la barbarie débute toujours par des mots, avant d’insidieusement se transformer en actes.
N’oublions pas le passé. N’oublions pas les innombrables victimes de ces crimes insensés. Et n’oublions pas qu’il est de notre devoir, à chacun, de faire en sorte que cela ne puisse plus se produire. »

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