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La situation au Cambodge

By 21 avril 2020 No Comments

La situation politique au Cambodge est particulièrement interpellante. J’ai d’ailleurs récemment déposé, à la Chambre, une proposition de résolution sur le sujet, basée sur un texte déposé sous la précédente législature par Jean-Jacques Flahaux, président du MR International.

En effet, pour de nombreux Cambodgiens, la situation sur place est comparable à celle existante à l’époque du régime de Khmers rouges.

Les associations de défense des droits de l’homme décrivent depuis plusieurs années le simulacre que représentent les élections. Le fait de bafouer des libertés individuelles, la collusion des pouvoirs et les persécutions contre l’opposition ont plusieurs fois alerté les démocraties occidentales sans que la réponse apportée dépasse la remontrance verbale.

J’ai donc interrogé le ministre des Affaires étrangères sur le sujet et sur les mesures qui pourraient être prises au niveau belge et au niveau européen afin de faire pression sur le pouvoir en place.

Voici la réponse obtenue :

  1. La situation politique au Cambodge est effectivement inquiétante. L’opposition a été fortement soutenue par la population lors d’élections législatives et locales tenues depuis 2013.   Mais depuis les élections de 2018, elle n’est plus représentée et continue à subir des pressions inacceptables de la part du gouvernement.  La Belgique et l’Union européenne suivent la situation de près.  Ainsi depuis septembre 2017,  l’Union européenne  a exprimé dans plusieurs déclarations sa grande inquiétude et condamné les actions entreprises contre l’opposition.  Des conclusions ont également été adoptées au Conseil Affaires étrangères de février 2018 à l’encontre du Cambodge.  Dans toutes ses communications et ses contacts, l’Union européenne a rappelé que le système commercial préférentiel « Tout sauf les armes » dont bénéficie largement l’économie cambodgienne reposait sur le respect de principes fondamentaux des droits de l’homme et du droit du travail.

Au niveau purement bilatéral, mon prédécesseur a eu l’occasion de manifester notre inquiétude lors d’une rencontre à Bruxelles avec son homologue cambodgien en janvier 2019.  Il en a été de même lors de diverses rencontres à haut niveau entre mon Département et des officiels cambodgiens.

Par ailleurs, la Belgique n’hésite pas à fait part de son inquiétude au sein de différentes enceintes onusiennes.  Ainsi la Belgique intervient régulièrement au Conseil des droits de l’homme afin de plaider entre autres, pour le rétablissement du pluralisme démocratique au Cambodge.  La Belgique soutient dans ce cadre le mandat du Rapporteur Spécial des Nations Unies sur la situation des droits de l’homme au Cambodge.  En janvier 2019, la Belgique a également fourni des recommandations dans le cadre de l’examen périodique universel du Cambodge.  Recommandations portant sur le droit du travail, la peine de mort et l’indépendance de la justice.

  1. Mais effectivement, vu l’absence d’évolution positive en termes d’expressions démocratiques, la pression sur les autorités khmères doit aller  au-delà des déclarations.  C’est par le biais de sanctions commerciales que l’Union européenne a choisi d’agir.  Une procédure de retrait du Cambodge du système commercial préférentiel « Tout sauf les armes »  a donc été initiée par la Commission européenne en février 2019.  Cette procédure consistait en une enquête de la Commission sur  4 domaines prioritaires pour l’octroi de ce système de préférences commerciales : les droits politiques, le droit du travail, l’espace d’expression de la société civile, et les droits fonciers.  Si certains progrès ont été accomplis, notamment dans le domaine des droits fonciers, les évolutions ont été jugées insuffisantes, particulièrement en matière de droits politiques.   La Commission a donc décidé ce 12 février 2020  de retirer partiellement le bénéfice de ce système au Cambodge.  La décision sera effective le 12 août prochain.  Durant ces 6 mois, le Cambodge a encore la possibilité d’éviter ce retrait en adoptant les réformes nécessaires.

Le Cambodge accueillera en novembre 2020 les Chefs d’Etat et de Gouvernement de l’ASEM (Asia-Europe Meeting), un forum réunissant 53 Etats d’Europe et d’Asie, ainsi que l’ASEAN. Cette exposition du Cambodge à une large part de la communauté internationale devrait inciter les autorités à prendre les mesures qui s’imposent.

Je continuerai à suivre attentivement ce dossier.  J’ai d’ailleurs demandé à notre Ambassade à Bangkok en charge du Cambodge de me faire régulièrement rapport sur l’évolution de la situation.

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