Vive la liberté d’entreprendre, la liberté de créer, non à la culture de castes et au mépris de certains regards élitistes sur l’oeuvre empreinte d’humour belge et de surréalisme de Geluck ! Celle-ci dépasse largement le spectre du 9eme art. L’art est clivant par nature: ce que certains adorent, d’autres le détestent…Qu’on l’aime ou qu’on ne l’aime pas (tous les goûts sont dans la nature), Philippe Geluck est un artiste multidisciplinaire lu, vu et apprécié depuis plusieurs décennies dans de très nombreux pays par des millions de personnes.
En 2003 déjà, son exposition pour les 20 ans du Chat à Bruxelles avait rassemblé 350.000 visiteurs. J’en étais. Scénographie, peintures monumentales, sculptures, dessins, objets insolites, je fus ébloui d’une telle inventivité, d’une telle créativité. Ce fut encore le cas il y a quelques années, non loin du Louvre, à Paris, lorsqu’en guides de talent, Geluck et son Chat nous invitaient au voyage à travers l’art ancien et contemporain. S’y côtoyaient la Venus de Milo revisité par l’imaginaire de l’artiste bruxellois, les oeuvres tout aussi revisitées de De Vinci, Alechinsky, Cesar, Munch, Soulages, Klein et j’en passe… Subtile façon d’intéresser un autre public à l’art, et notamment les plus jeunes; il fallait voir les mines réjouies des jeunes pousses qui dans un atelier adjacent pouvaient à leur tour prendre le pinceau “à la façon de”, se trouvant pour les uns une passion, pour les autres qui sait, une vocation. Ce fut un immense succès. C’est tout le génie de Geluck: faire de son Chat, un passeur de culture vers ceux qui autrement ne s’y intéresserait peut-être pas ! Non, l’univers de Geluck ne se résume pas à des dessins rehaussé de deux phylactères…
Ce musée du Chat n’est pas “juste un musée égocentrique pour Le Chat” comme l’affirment ceux qui sont partis dans cette triste et bien étrange croisade. Comme son nom complet l’indique, c’est le musée du Chat et du dessin d’humour. Là encore Le Chat se mue en passeur et crée des ponts. Un beau projet pour amener une autre discipline, un autre public vers les musées et défendre notre liberté de pensée et d’expression trop souvent mises à mal ! Pour susciter notre réflexion; les maximes du Chat sont autant d’invitations à se pencher sur le monde qui est le nôtre, ses émerveillements, ses turpitudes aussi. Cet espace (un tiers du futur musée) sera dédié aux autres. Il donnera la part belle à des artistes, dessinateurs, caricaturistes d’ici et d’ailleurs qui avec le crayon, dépeignent et dénoncent à leur tour. Un artiste qui en met d’autres en valeur, je dis “chapeau” !
Par la vente de ses oeuvres (ces grandes statues monumentales en bronze actuellement vues par 1 million 500 milles personnes en à peine quatre semaines, sur les Champs Elysées à Paris), Geluck finance lui même une grande partie du projet: Pas loin de la moitié ! Pour être précis, 7 Millions 700 mille euros dont plus de 4 millions à débourser dès l’entame des travaux pour les aménagements intérieurs (salles, guichets, ascenseur, etc), aménagements qui, si le succès n’est pas au rendez-vous, resteront la propriété de la Région bruxelloise. Trouvez moi un autre artiste ayant l’énergie, l’envie, le goût du risque pour créer un tel pôle attractif dans sa ville et ainsi la faire rayonner ! Paris et Marseille voulaient ce musée, Geluck le bruxellois a choisi Bruxelles en y mettant de sa poche: Respect !
La Région bruxelloise ne subsidie pas le musée en tant que tel mais la rénovation du bâtiment qui restera évidemment sa propriété. Un budget de 9 millions d’euros pour rénover le bâtiment “1930” abandonné depuis 40 ans dans un état vétuste à quelques encablures du Palais Royal… Un choix du gouvernement régional, voyant aussi au passage l’opportunité de rénover ce chancre, pas de Geluck lui même qui, soyons lucide, aurait d’ailleurs été fou de refuser un tel emplacement…
C’est beaucoup d’argent, oui dans l’absolu, mais pas à l’échelle du projet; un projet public-privé avec retour attendu sur investissement. A titre de comparaison, le futur musée bruxellois de l’art contemporain Kanal a englouti un budget public de …210 millions euros et aucun artiste n’y a mis la main à la poche ! Précisons que seules les recettes du musée en financeront les expositions et l’activité ainsi que la création de 25 emplois…
Voilà donc ce qui fait hurler “les intégristes de l’art noble”, ceux qui s’arrogent le droit divin de décider ce qui vaudrait un musée ou pas, et qui y exposer. Liberté chérie… C’est le grand public qui décidera ! L’art une fois exposé n’appartient qu’au public qui en fait ou non un succès. Et le talent plébiscité de Geluck suscite, c’est un fait, bien des jalousies.
Ce projet ne doit pas être mis en malsaine concurrence avec d’autres projets ! Oui il faut un nouveau musée d’Art Moderne à Bruxelles mais c’est au Fédéral et à Beliris qu’il revient de le financer. Opposer des artistes entre eux, comme le font deux professeurs de La Cambre, est indécent ! C’est le budget global de la culture, tous pouvoirs confondus, qu’il faut augmenter. Là est le noble combat … Notons au passage que ces détracteurs se réveillent alors que le projet est officiellement lancé depuis près de sept ans et que le permis de bâtir vient d’être accordé au fil d’une longue procédure publique. Soit…
Ce projet imaginé par Geluck en 2008 et lancé déjà en 2015, les français nous l’envient : des villes de l’hexagone sont prêtes à l’accueillir comme ce fut le cas pour Folon lui aussi un temps boudé par les nôtres et qui s’est donc exilé dans le Sud de la France. Soyons fier de tous nos artistes, tous nos ambassadeurs de talent. A l’heure où le Covid a anesthésié la culture, aidons les plutôt que de les critiquer puis les voir déserter ! Je suis pour les artistes passionnés qui prennent des risques . Pourquoi faudrait-il qu’ils soient six pieds sous terre pour enfin reconnaître leur talent, leur dynamisme, … Geluck en est un, vive son audace, sa liberté d’y croire et de la mettre en oeuvre … Je suis POUR ce projet plein de Belgitude au coeur de ma ville ! Vive Le Chat, l’art sous toutes ses formes et que vive Bruxelles !
Michel De Maegd
Député fédéral, ami du Chat, de toutes les formes d’art et de la liberté.
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