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Conflit dans le Haut-Karabakh

By 8 octobre 2020 No Comments

Ce jeudi, j’interrogeais en séance plénière à la Chambre la Ministre des Affaires étrangères au sujet du conflit dans le Haut-Karabakh. Voici mon intervention dans son intégralité ainsi que la réponse de Sophie Wilmès.

Madame la Ministre,

Nous assistons, depuis le 27 septembre dernier, à une recru­descence des combats entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan autour de l’enjeu stratégique du Haut-Karabakh. Nous déplorons les nombreuses victimes civiles ainsi que la destruction d’infrastructures non militaires et nous constatons avec inquiétude l’implication de puissances régionales. Je me réfère ici à l’inquiétude exprimée, hier, par le Haut-Représentant de l’Union, Josep Borrell, quant à l’internationalisation du conflit.

Madame la vice-première ministre, plusieurs organisations sont compétentes pour tenter de déployer les moyens diplomatiques en vue de trouver une solution pacifique et pérenne à ce conflit. Je pense notamment à l’Union européenne, à l’OSCE ou encore au groupe de Minsk.

Quelle est celle à vos yeux qui est la plus à même d’obtenir dans un premier temps un cessez-le-feu et, ensuite, de relancer le dialogue, un processus qui s’est, malheureusement, enlisé ces dernières années?

Le Conseil de l’Europe tente, lui aussi, de jouer un rôle pacificateur dans ce conflit. Rappelons-nous, en effet, que les deux pays sont membres du Conseil de l’Europe et donc, théoriquement mus par les mêmes valeurs de démocratie et de respect des droits de l’homme. Quel rôle peut, selon vous, jouer ce Conseil de l’Europe dans ce dossier? Ces combats démontrent, en tout cas, qu’une issue diplomatique doit être trouvée. La communauté internationale doit se saisir de ce dossier, afin de trouver une solution définitive. Je ne doute bien sûr pas de votre détermination à soutenir toutes les initiatives pour y parvenir.

Monsieur le député, le 27 septembre dernier, de nombreux nouveaux combats intensifs ont éclaté entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan le long de la ligne de contact du Haut-Karabakh.

À l’heure actuelle, les combats violents à l’arme lourde continuent de faire rage et nous sommes effectivement très inquiets et nous ne sommes pas les seuls. Malheureusement, il est très difficile, à ce stade, de connaître le nombre de victimes. On parle, d’ores et déjà, de dizaines de milliers de réfugiés. Il semblerait aussi que des armes interdites soient utilisées. J’entendais la question: “Trouvez-vous normal de ceci? Trouvez-vous normal de cela?” Et bien, non! Évidemment que non! Tout cela n’est pas normal et il est impératif que la diplomatie prenne à nouveau le dessus.

Depuis l’instauration du cessez-le-feu en 1994, le groupe de Minsk de l’OSCE, co-présidé par la France, les États-Unis, la Russie oeuvrent à une résolution pacifique et durable du conflit. Le groupe de Minsk, le Haut-Représentant Josep Borrel, l’OTAN et bien entendu, la secrétaire générale du Conseil de l’Europe ainsi que des États membres de l’Union européenne ont, d’emblée, appelé à la désescalade, au cessez-le-feu immédiat et au retour de chacun à la table des négociations.

Ce point sera également à l’agenda du Conseil Affaires étrangères du 12 octobre, où je me rendrai. J’interviendrai évidemment au nom de la Belgique pour rappeler notre soutien total au mandat donné par le Conseil européen au Haut-Représentant Josep Borrell de s’investir par des contacts diplomatiques en soutien au groupe de Minsk. Vous l’aurez compris: c’est bien ce forum, le groupe de Minsk, qui est privilégié pour tenter de régler ce conflit par la voie diplomatique, puisque nous savons que c’est ce processus diplomatique qui doit être privilégié. La communauté internationale est appelée, dans son ensemble et sans exception – puisqu’on a parlé de beaucoup de pays – à calmer le jeu. Je vous remercie.

Madame la ministre des Affaires étrangères, je vous remercie pour votre réponse. Vous évoquez les réunions de Moscou et de Genève et vous avez raison. À nos yeux, il faut absolument prôner la désescalade et un cessez-le-feu rapide dans ce conflit. Le Haut-Karabakh se situe à un peu plus de 3 000 km de Bruxelles. L’Arménie et l’Azerbaïdjan ne font certes pas partie de l’Union européenne mais, en tant que membres du Conseil de l’Europe, ces deux pays doivent partager nos valeurs.

Lorsque des avions de chasse appartenant à un pays membre de l’OTAN bombardent la région, lorsque des civils perdent la vie, notre inquiétude et notre désapprobation doivent être exprimées à toutes les parties belligérantes, ce qu’a fait sans ambiguïté le président français Emmanuel Macron. J’entends, ici, dans cet hémicycle, certains qui sont plus va-t-en-guerre en décrivant la Turquie comme notre adversaire. Je rappelle quand même que la Turquie fait partie de l’Alliance Atlantique. Justement, le secrétaire général de l’OTAN, M. Stoltenberg, a rencontré le président turc et a rappelé l’évidence, chers collègues: il n’y a pas de solution militaire à la question du Haut-Karabakh.

J’entends, madame la ministre, votre résolution très ferme de porter la voix de la Belgique vers le groupe de Minsk. Il faut venir en aide urgemment aux 75 000 civils déplacés à cause des combats. C’est la moitié des habitants de cette région. Que les armes se taisent et que la diplomatie reprenne ses droits!

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