Moment terriblement bouleversant aujourd’hui dans le cadre de notre mission en Arménie : la visite du cimetière militaire de Yerablur, et l’hommage rendu à tous ces jeunes hommes morts au combat.
Par centaines, par milliers, ils sont enterrés là, devant nous. Dans les guerres successives qu’a connues le pays, depuis des décennies, ils ont été bien trop nombreux à devoir sacrifier leur vie pour leur patrie.
Les tombes fleuries montrent l’horreur de la guerre. Devant moi, la pierre tombale d’un soldat mort au combat : 2001-2020. Il avait l’âge de mes enfants. Comment l’accepter ? Comment ne pas hurler à l’injustice ?
Cela ne peut que nous ramener à l’évidence : nous avons la chance de vivre dans un pays en paix, mais d’autres ne l’ont pas. Sans rien avoir demandé à personne, ils n’ont d’autre choix que de défendre leur pays, parfois au prix de leur vie. Nous devons faire tout ce que nous pouvons pour ramener la paix. C’est notre devoir moral. Nous ne pouvons pas fermer les yeux, sous prétexte que quelques milliers de kilomètres nous séparent. Les agresseurs doivent être dénoncés.
Après nous être recueillis devant le mémorial, nous avançons dans le cimetière. D’abord des tombes des conflits précédents. Puis, innombrables, les nouvelles allées, pleines de victimes de la guerre de 44 jours, en 2020. Des familles se recueillent, des épouses, des mères, des filles sont effondrées devant la tombe d’un être cher.
Plus loin, des tranchées, prêtes à accueillir les nombreuses victimes des attaques de ces derniers jours. Un cortège funéraire approche. Un nouveau jeune à qui la vie a été arrachée il y a quelques jours à peine par les nouveaux bombardements azéris sur le territoire arménien vient rejoindre ses ainés. Derrière le cercueil, dans un silence pesant, ses proches sont effondrés par le chagrin.
Nous restons là, debout, sans voix, avec le sentiment profond que cela ne peut plus durer.
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