Après avoir pris part à la veillée organisée hier par les jeunes Arméniens, j’ai représenté ce midi, comme chaque année, la Chambre des Représentants à la cérémonie de commémoration de la mémoire des victimes du génocide de 1915.
Voici les message que j’y ai adressé à la communauté arménienne :
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Chers amis,
C’est un honneur de vous retrouver, une fois encore, au pied de ce Khatchkars pour commémorer la mémoire des victimes du terrible génocide de 1915.
Nous pensons bien sûr fort à elles, en cette journée particulière, mais aussi à toutes leurs descendantes et tous leurs descendants qui vivent, chaque jour, avec ce poids de leur histoire marqué au plus profond d’eux-mêmes.
J’aurais, sincèrement, aimé commencer ce discours en me réjouissant. En vous disant que l’Arménie est sur la voie d’une paix tellement méritée, après toutes ces décennies de souffrances.
Et pourtant…
Depuis notre dernière rencontre ici, l’an dernier, la situation ne s’est pas améliorée. Et c’est un euphémisme.
Le pouvoir Azerbaïdjanais a multiplié ses agressions envers l’Arménie. En septembre, d’abord, en attaquant le territoire souverain. En décembre, ensuite, en imposant un blocus illégal dans le corridor de Latchine.
Avec, à chaque fois, des conséquences terribles pour les habitants.
Le tout, dans un silence presque total de la part du reste du monde. Ce que je n’ai de cesse de dénoncer, tant je sais qu’un silence, un jour ou l’autre, peut devenir coupable.
Chers amis, ne croyez pas que notre Assemblée reste aveugle à ce qui se passe. Et je le dis le plus sincèrement du monde.
En septembre dernier, immédiatement après la reprise des combats par l’Azerbaïdjan, je me suis rendu avec quelques collègues du Parlement fédéral en Arménie. Nous y avons entre autres rencontré le Président de la République et le Catholicos. Nous y avons vu les familles déplacées et dévastées. Avec un sentiment d’injustice et de colère.
Dans la foulée, j’ai rédigé un texte. Une condamnation sans équivoque et sans tabou des actes de Bakou. Mais aussi une menace claire de sanctions envers l’Azerbaïdjan. C’était une première.
Un texte qui a été adopté à l’unanimité par la Chambre il y a quelques mois. Un texte auquel a été ajouté un point précis, suite à l’évolution de la situation sur place : une condamnation du blocus de Latchine et une demande à la communauté internationale de tout faire pour y mettre fin.
Nous avons également mis la pression pour obtenir une nouvelle mission civile européenne, ce qui a été le cas puisqu’une telle mission a été mise en place pour une durée de deux ans.
Mais, seule, la Belgique n’est pas grand-chose. Il faut être honnête. L’an prochain, elle présidera le Conseil de l’Union européenne. Ce sera un levier qu’il nous faudra mobiliser pour mettre la situation en Arménie à l’avant de la scène internationale. Et vous pouvez compter sur moi pour insister en ce sens auprès de notre gouvernement.
Mais vous avez aussi votre rôle à jouer. Vous êtes une diaspora inspirante, dont nous avons énormément à apprendre.
Vous l’avez, d’ailleurs, démontré une nouvelle fois le 9 décembre dernier, lors de la première journée de commémoration de la mémoire des victimes de génocides organisée à la Chambre. J’ai personnellement voulu et créé cette journée. Et j’ai insisté pour que, à l’occasion de cette première édition, des artistes arméniens présentent une œuvre musicale. Et ce fut magnifique. Pour la première fois, votre communauté a pu monter à la tribune, au cœur de la démocratie, pour exprimer ses craintes, ses doutes, mais aussi son espoir.
Alors continuez, comme vous le faites, à vous mobiliser. A vous battre pour mettre en lumière la réalité de ce que vit l’Arménie. Cela n’est pas vain, croyez-moi !
A force de pression, nous y arriverons. Lorsque j’étais à Yerevan, il y a quelques mois, j’ai pu visiter une nouvelle aile de la Soldiers’ Home, financée notamment par la Belgique. Cet hopital répare les âmes, répare les hommes. Les hommes marqués dans leur chair, dans leur corps, par ces combats injustes.
Lors de cette visite, j’avais promis de faire tout ce que je pouvais pour les soutenir. Je suis heureux de vous annoncer que, à force de discussions et d’insistance, j’ai pu obtenir qu’une nouvelle aide soit débloquée très bientôt, comme j’ai eu le plaisir de l’annoncer à Son Excellence, Madame l’ambassadrice Anna Aghadjanian et aux responsables de l’hôpital. 250.000 euros supplémentaires seront donc déboursés pour soutenir de nouveaux projets.
Je suis convaincu que les petites gouttes font les rivières. Alors continuez, continuons à nous battre pour l’Arménie, pour le peuple arménien. Pour la paix, pour la liberté et la prospérité.
Pour que le génocide de 1915 ne se reproduise jamais. Ne laissons pas aux ennemis de l’Arménie le champ libre !
Pour que, après l’horreur, après la peur, comme le chantait Charles Aznavour, les saisons chantent encore, et que les enfants bâtissent plus fort !
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