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Le régime de Bakou : un véritable danger pour notre démocratie !

By 13 septembre 2024 No Comments

Comment Ilham Aliyev et son grand frère Vladimir Poutine ouvrent la voie au séparatisme en Europe

Carte blanche publiée dans La Libre le 12 septembre 2024.

 

La France soutient l’Arménie dans le conflit qui l’oppose à l’Azerbaïdjan à travers la fourniture d’armes défensives notamment. Un exemple de résistance à suivre.

Souvent, l’on dépeint les dictateurs en paranoïaques, en alerte devant de potentiels complots contre leur pouvoir. Un trait encore plus typique, voire inévitable, les caractérise : l’hubris qui marque la fin de leur règne. Une confiance excessive et dangereuse qui pousse les despotes à des aventures imprudentes, à des comportements absurdes qui précipitent leur chute.

Le dernier exemple en date est celui du président azerbaïdjanais Ilham Aliyev, qui s’en prend à la France sur des bases fragiles et reçoit en retour quelques critiques du président Macron. C’est un modèle qui devrait être plus largement adopté, car si on les laisse prospérer, l’hubris des tyrans, même insignifiants, peut plonger des régions entières dans le chaos.

Retour quelques années en arrière avec la montée en puissance et la chute d’Adolf Hitler : au début, le régime nazi se caractérisait par une extrême méfiance et l’épuration des ennemis perçus au sein même du parti nazi. À mesure que le pouvoir d’Hitler se consolidait, un sentiment grandiose d’invincibilité s’empara de lui. Cela conduisit à l’invasion de l’Union soviétique en 1941, en violation d’un traité de 1939 – une erreur de calcul colossale qui contribua de manière significative à la chute de l’Allemagne nazie.

Dans la géopolitique contemporaine, le cas le plus typique d’hubris se retrouve dans les actions de Vladimir Poutine, qui a sacrifié une grande partie des acquis de la Russie des dernières décennies en attaquant l’Ukraine, dans une tentative de pousser toujours plus loin les frontières d’un pays pourtant déjà le plus vaste au monde.

Poutine a trouvé en la personne d’Aliyev un alter ego avec qui il a pu signer un accord d’alliance stratégique la veille de l’attaque contre l’Ukraine. Aliyev n’est bien sûr pas le seul tyran de l’espace post-soviétique ou du monde en développement au sens large. Mais il représente peut-être l’exemple le plus saisissant d’une arrogance débridée, périlleuse et parfois déroutante.

Au lieu de tirer profit des vastes richesses minières du pays pour améliorer le sort de la population, le clan Aliyev a, selon l’organisme mondial de surveillance anti-corruption OCCRP, les “Pandora Papers” et de nombreux autres rapports, détourné des centaines de millions de dollars et les a transférés à l’étranger.

Désormais, il tente de détourner l’attention de sa population en utilisant ses vastes revenus pétroliers contre ce qu’il appelle le “néocolonialisme français et européen”. Avec l’implication directe de ses services de renseignement, l’Azerbaïdjan cherche à saper l’influence de la France et d’autres pays de l’UE vulnérables à son fallacieux agenda “anti-néocolonial”. Parallèlement, l’Azerbaïdjan défie l’UE en poussant à la sécession de “Chypre du Nord”. En résumé, il agit comme un petit frère de la Russie de Poutine pour saper l’Occident.

En novembre 2023, lorsque des manifestations anti-françaises ont éclaté à Nouméa, capitale de la Nouvelle-Calédonie, les médias azerbaïdjanais ont activement promu le drapeau azerbaïdjanais aux côtés du drapeau du peuple kanak. En mars 2024, plusieurs médias ont publié des photos de manifestants locaux brandissant une photo d’Aliyev. Organisation de manifestations, diffusion de photos de victimes civiles innocentes présumées, accusations directes des autorités françaises… Tous les moyens sont bons, et l’Azerbaïdjan ne s’en cache pas. À l’inverse, ces démonstrations ostentatoires lui permettent d’envoyer un message à la France et à l’Europe.

Le déclenchement de mouvements séparatistes comme nouvelle direction à la politique étrangère, donc ? Avec un budget de 200 millions de dollars alloués à ce type d’opérations à l’étranger, l’orchestration des actions anti-françaises par le plus haut niveau de l’administration azerbaïdjanaise paraît claire. N’est-il pas là ironique de voir l’Azerbaïdjan, dont les violations des droits de l’homme sont un secret de polichinelle, se présenter en libérateur des opprimés ?

Plus préoccupant encore, la synchronisation de cette dynamique avec celle assumée par Vladimir Poutine et l’alignement d’un discours face au “néocolonialisme” : le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, soutenu par l’ancien président et vice-président du Conseil de sécurité russe Dmitri Medvedev, voit là une “nouvelle initiative stratégique de la Russie”. Sur cette route, Azerbaïdjan et Russie travaillent de concert dans un comité intitulé “Pour la liberté des nations !”, qui cible les États occidentaux contrôlant des territoires d’outre-mer.

Préoccupantes, enfin, les rumeurs actuelles selon lesquelles Bakou prévoirait d’ouvrir une mission diplomatique à Chypre du Nord, casse-tête européen depuis cinquante ans et entité reconnue par… la Turquie d’Erdogan uniquement. Cela dans le but de promouvoir un nouveau mouvement séparatiste en Europe.

La réaction française est-elle à la hauteur ? Le mois dernier, un journaliste azerbaïdjanais a questionné Emmanuel Macron sur les raisons pour lesquelles la France soutenait l’Arménie dans le conflit qui l’oppose à l’Azerbaïdjan à travers la fourniture d’armes défensives notamment ; laissant là croire que cela constitue violation d’une norme internationale.

“En examinant la dernière décennie, il semble que l’Azerbaïdjan se soit beaucoup mieux armé que l’Arménie. Et si je ne me trompe pas, l’Azerbaïdjan a effectivement déclenché une guerre, une guerre terrible, en 2020”, a répondu Emmanuel Macron. “Il est tout à fait normal de répondre à la demande d’un pays souverain qui souhaite se doter d’équipements et qui craint d’être agressé par un autre.”

Cette position est une évolution bienvenue et un exemple clair de résistance face aux despotes. Les dirigeants occidentaux devraient en prendre note et s’en inspirer pour repousser les dictateurs agressifs.

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